Ces derniers mois les incidents « liés à l’utilisation de fumigènes » se multiplient autour et à l’intérieur des différents stades de l’Hexagone.

Recrudescence ou résurgence du hooliganisme, prise en otage du football par les groupes Ultras, moyens de contrôle insuffisants, procédures judiciaires trop souples, sanctions sportives pas assez dissuasives…, les causes sont nombreuses et varient selon les avis souvent divergents des acteurs qui ont en charge la sécurité de nos enceintes sportives. Sans vouloir me poser en énième « donneur de leçon », je souhaite simplement dresser le constat suivant…

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Bref état des lieux :

  • La majeure partie des stades de Ligue 1 disposent de personnel formé et agréé pour réaliser les «palpations de sécurité»,
  • La loi Alliot Marie prévoit des sanctions financières et judiciaires conséquentes pour sanctionner l’utilisation de tout type d’engins pyrotechniques,
  • La LFP a établi un barème de sanctions financières pour inciter les clubs à agir vigoureusement contre ce phénomène,
  • Les stades sont équipés de système vidéo devant permettre l’identification des fauteurs de trouble,
  • Les clubs entretiennent des relations avec leurs groupes de supporters via un représentant chargé de maintenir un dialogue permanent,
  • Les forces de Police procèdent à des investigations et interpellations sur le terrain via des équipes (spotters) dédiées au suivi des supporters potentiellement à risque.

Pour autant, malgré ces nombreuses mesures, l’utilisation d’engins pyrotechniques et/ou artifices en tout genre se multiplie. De fait, on peut craindre un ou des incident(s) tragique(s) (comme ce fut le cas sur la rencontre Nice / OM du 29 octobre 2006) car aucun supporter ne peut se porter garant d’une « utilisation totalement sécurisée » de ces engins dans le contexte remuant d’un stade de football.

Stratégie globale :

Comme je le développe dans mon article « Football Européen : Sécurité, état des lieux », la principale source d’incidents dans le monde du football est liée, non pas à l’unique présence de Hooligans ou Ultras dans les stades, mais à l’absence de « stratégie globale d’organisation » entre tous les acteurs de l’organisation et la sécurité du match.

Comme nous l’avons vu précédemment, les moyens existent mais bien souvent les actions sont désordonnées, partiellement réalisées par des acteurs dont les intérêts et stratégies divergentes empêchent d’atteindre un objectif pourtant commun. Dans le cadre des fumigènes, il faut donc partir des mesures existantes qui, à mon avis, ne sont pas totalement éprouvées et surtout définir l’objectif commun en accord avec tous les acteurs du foot, y compris les supporters.

Quelques pistes à améliorer :

  1. Le cadre de loi interdit formellement l’utilisation d’engins pyrotechniques et/ou artifices ; il faut donc arrêter d’entretenir (en coulisse) l’espoir d’un aménagement législatif qui permettrait aux groupes Ultras de continuer à utiliser ces artifices dans leurs animations.
  2. Au sein des clubs, une véritable politique de prévention et dialogue doit être élaborée avec les associations de supporters sur la base d’une relation gagnant / gagnant. Nommer des interlocuteurs (responsable sécurité et/ou responsable supporters) prédisposés et capables de développer et gérer la synergie entre tous les intervenants qui luttent contre ce phénomène.
  3. Sur le plan local, il est nécessaire de poursuivre la formation des stewards (stadiers) en collaboration avec les forces de Police, tout en uniformisant les actions coercitives auprès des contrevenants sur l’ensemble du territoire.
  4. Au niveau juridique, il est important de sensibiliser les parquets et procureurs locaux sur la nécessité d’appliquer des sanctions adaptées et suffisamment contraignantes.

Conclusion :

Plus qu’un nouveau texte de loi, de nouvelles sanctions disciplinaires pour les clubs, il est plus que temps de développer des actions communes, concertées sur des bases existantes. La seule stratégie répressive ne peut qu’aboutir, à terme, sur la disparition des groupes qui animent les tribunes de nos stades et/ou déplacer le problème sur d’autres terrains. Contrairement à d’autres modèles Européens la seule ferveur populaire ne suffira pas à animer les tribunes chaque week-end.


Par Agora,

  Catégorie(s) : Football